Vendredi, c’était l’Épiphanie, et nulle fête chrétienne n’intéresse davantage les astrologues que celle-ci. On connaît bien l’histoire : soudain, des Sages « venus de l’est » (des « Mages » à ce que dit le texte) arrivèrent à Jérusalem car ils avaient vu un signe que le roi des juifs était né. Ils étaient venus pour lui témoigner leur respect et voulaient savoir où le trouver. Ce signe, c’était une étoile, et voici qui a mené nombre d’astrologues à spéculer sur la nature de cette étoile.
Selon certains, par exemple, l’étoile serait une Grande Conjonction (GC) de Saturne et Jupiter, qui eut lieu effectivement en l’an 7 ACN. Maintenant, cela n’a pas l’air trop étrange à première vue : si ces Sages avaient aussi un savoir astrologique, alors ils auraient pu avoir connaissance qu’une GC apporte toujours de grands changements. On pourrait s’attendre, vu l’importance de l’événement, à ce que cette GC soit un tournant dans le sycle des GC. Cependant, ce n’est pas le cas : c’est seulement en l’an 74 de notre ère que les GC sont passées en signes de Feu, qui annoncent le début d’une période radicalement nouvelle, d’une durée de 800 ans.
Le Messie
Donc, pas de connexion de ce genre, et si on lit attentivement le texte, se pose la question de savoir si toute cette attention des astrologues pour l’Étoile de Bethléem ne se base pas tout simplement sur une mauvaise interprétation du symbolisme religieux. Car il est dit que les Mages ont déjà vu cette étoile « à l’est ». Traditionnellement, l’est est la place de la sagesse car c’est de là que vient la lumière. Qu’un signe soit donné à l’endroit de la sagesse, pour la naissance du Messie tant attendu, voici qui paraît logique. Mais cela ne veut pas forcément dire que cela « colle » au cycle astrologique connu, que du contraire.
Mais l’histoire continue et devient un peu plus claire. Car quand les Sages eurent compris, grâce aux érudits juifs, que selon la tradition, le Messie tant attendu naîtrait à Bethléem, ils se mirent en route. L’étoile « qu’ils avaient déjà vue à l’est » marchait devant eux et arriva à s’arrêter au-dessus de « l’endroit où se situait l’Enfant ». Il est clair qu’il ne peut s’agir d’une constellation ou de quoi que ce soit de nature astrologique, car cette même lumière qu’ils avaient vue à l’est les conduisait à présent de Jérusalem à Bethléem, et Bethléem est à environ dix kilomètres au sud de Jérusalem, ce qui voudrait dire que l’étoile aurait changé de direction.
Plus ultra
On ne peut rien imaginer d’astrologique dans cette description : comment une GC de Saturne et Jupiter pourrait-elle précéder les Sages dans leur voyage vers le sud, vers Bethléem ??? La conclusion c’est que peut-être, la spéculation de tous ces astrologues sur l’Étoile de Bethléem ne repose sur rien, qu’elle a été déclenchée par la tendance qu’ont les astrologues de vouloir tout réduire à l’astrologie. Mais ce qui est important, c’est que l’astrologie n’est pas ne plus ultra. Au-dessus ou derrière l’astrologie, il y a une origine spirituelle, ce qui signifie que l’astrologie ne peut tout contenir ou tout décrire et ceci s’applique aussi à l’Étoile qui indique la naissance de Jesus. L’astrologie est uniquement une science cosmologique traditionnelle, mais on ne peut l’élever au rang de religion !